L’azote, à la base du rendement

L’azote est un élément constitutif des protéines, des acides nucléiques, de la chlorophylle et d’autres composés essentiels pour la prairie. Il joue un rôle clé dans la photosynthèse et assure une croissance vigoureuse de l’herbe.

> Absorption de l'azote par la prairie

Les teneurs en azote de l’ivraie vivace sont généralement de l’ordre de 2,5 à 3,5 % de MS et pour le trèfle entre 3,5 et 4,0 % (tableau 23 page 34). Les prélèvements en azote peuvent atteindre 400 kg/ha dans des conditions de pâture ou de fauche intensifs (tableau 18 page 30). Sans surprise, l’herbe répond extrêmement bien à l’azote en termes de rendement à raison de 400 kg N/ha/saison, soit 100 kg N/ha/coupe pour un régime de 4 coupes(graphique 1). La réponse à une application d’azote peut atteindre 30 kg de MS/kg de N appliqué. Selon la quantité d’azote et les conditions de croissance, la réponse moyenne à l’azote minéral se situe entre 12 et 24 kg de MS/kg de N. 

>Optimiser les périodes d’apport d'azote sur prairies

La période d’application de l’azote et la quantité apportée sont des critères capitaux dans la gestion de la fertilisation de sa prairie. Si l’application d’azote a lieu lorsque la plante n’a qu’une faible demande ou n’est pas dans des conditions optimales d’absorption, les pertes peuvent être importantes et l’efficience d’utilisation faible. Il est vrai que les rendements déclinent à chaque coupe pour une même quantité d’azote apportée entre coupe (Graphique 1), mais la réponse à l’application d’azote reste forte tout au long de la saison.

Graphique 1: Réponse à l'azote (essais réalisés en Irlande - 4 coupes)

Lorsque les conditions de minéralisation de la matière organique du sol sont bonnes, il se peut que la réponse aux applications d’azote atteigne l’optimum à des quantités inférieures. Ainsi, dans l’essai ci-dessus réalisé en Irlande (Graphique 1), la meilleure réponse en rendement s’observe pour une application d’azote d’environ 100 kg N/ha à la première coupe, tandis que pour la deuxième coupe (où il y avait sans doute moins d’azote minéralisé par le sol), on constate encore une réponse en rendement à 125 kg N/ha. En règle générale, d’après des essais menés par Yara® au Royaume-Uni, les quantités d’azote à apporter doivent être d’environ 2 à 3 kg/ha pour chaque jour de croissance avant la prochaine mise en pâture ou fauche. Cela correspond à 40 à 60 kg N/ha pour une prairie pâturée et 60 à 120 kg N/ha pour une prairie fauchée. Avec ces quantités, les valeurs de digestibilité restent relativement élevées(environ 67 %), et la teneur en protéine est de 14-18 %.

Pour positionner l'apport azoté sur prairies en sortie d'hiver, la règle des 200°C cumulés est la méthode la plus couramment appliquée en France. Elle consiste à déclencher le premier apport d’azote lorsque la somme des températures quotidiennes supérieures à 0˚C à partir du 1er janvier atteint un total de 200˚C. Lorsque ce stade est atteint, la croissance de l’herbe démarre et l’azote est utilisé efficacement.

Graphique 2 : calendrier d'application de l'azote et rendement (essai réalisé aux Pays-bas)

En général, la croissance de l’herbe est rapide quand le temps se réchauffe au printemps, puis elle a un autre pic, plus faible, en été (Graphique 3). Appliqué en sortie d’hiver, l’azote donne de meilleurs résultats qu’en automne (Graphique 2). Dans cet essai réalisé aux Pays-Bas, l’azote appliqué en avril a produit 10-20 kg/jour de matière sèche de plus que lorsqu’il était épandu plus tard dans la saison. L’apport en azote doit resté néanmoins équilibré sur l’ensemble de la saison pour optimiser la production de matière sèche. Si une application de bonne heure au printemps donne un bon coup de fouet et un rendement élevé précoce, en retardant certaines applications jusqu’à tard en saison, on peut favoriser une production de fourrage en été et en automne (Graphique 3). En revanche, une application d’azote en automne n’a aucun effet sur la croissance de l’herbe au printemps suivant et accroit le risque de pertes par lessivage.

Graphique 3 : Timing d'application équilibrée de l'azote (essai réalisé en Suisse avec un mélange herbe/trèfle)


Une bonne pratique consiste à appliquer de l’engrais 1 à 2 jours après la coupe ou la sortie des animaux de façon à ce que l’azote soit transformé dans l’herbe. Chaque jour de retard dans l’application d’azote diminue le rendement suivant (Tableau 1).

Tableau 1 : Timing d'application de l'azote - repousse de l'herbe

Des doses élevées d’azote favorisent une repousse plus rapide, raccourcissent les cycles et accroit la productivité de la prairie. Dans un essai réalisé aux Pays-Bas (Graphique 4), l’herbe a été récoltée lorsque la quantité de MS atteignait 1,5-2,0 t/ha pour différentes doses d’azote apportée. En  stimulant la croissance de l’herbe, des doses d’azote plus élevées permettent à l’herbe d’atteindre sa maturité une semaine plus tôt pour les régimes de pâture et deux semaines plus tôt pour les régimes de fauche.

Graphique 4 : Azote - vitesse de repousse (essai réalisé aux Pays-Bas)

> Choisir la meilleure forme d'azote pour optimiser le rendement

Des essais réalisés en Allemagne (Graphique 5) montrent qu’un engrais azoté à base de nitrate produit généralement des rendements plus élevés que l’urée et que cet écart de performance vaut pour toute la saison.

Graphique 5 : Forme d'azote - Rendement (essai réalisé en Allemagne)

Les ammonitrates donnent de meilleurs résultats que l’urée à la fois sur les prairies de graminées(Graphique 6) et sur les prairies mixtes graminées/légumineuses (Graphique 7). Ceci s’explique principalement par la meilleure efficience des ammonitrates par rapport à l’urée grâce à une absorption rapide même par temps froid et humide et moins de pertes par volatilisation ammoniacale.

Graphique 6 : Forme de l'azote - rendement cumulé (essais réalisés sur ray-grass sur limon profond, en France - moyenne sur 3 ans, 3 coupes, 4 doses d’azote)

Graphique 7 : Forme d'azote - rendement cumulé (essais réalisés sur Ray-grass/trèfle en France, 4 coupes, 1 an)

L’utilisation prolongée d’azote ammoniacal sur des prairies permanentes accroit également l’acidité du sol (Graphique 9) et réduit par conséquent la croissance de l’herbe.

Graphique 8 : Forme d'azote - pH du sol (essais réalisés en Grande Bretagne sur 100 ans, sans chaulage