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29 janvier, 2024

Adapter sa fertilisation après les excès d'eau sur céréales à paille

Etant donné les conditions climatiques particulières de ces derniers mois, de nombreux céréaliers n'ont pas pu semer. Pour d'autres, les cultures semées en automne ont eu du mal à lever suite aux conditions d’implantation difficiles à l’automne et l’excès d’eau de ces 3 derniers mois. Pour une relance efficace des cultures, une fertilisation adaptée au contexte est à prévoir.


champ céréales inondé

Depuis le 1er octobre, la France connait un niveau de précipitation exceptionnel qui se produit au plus tous les 10 ans (carte 1 et 2). 

Carte 1 : Fréquence de dépassement du cumul de pluies enregistré entre le 1er octobre 2023 et le 10 janvier 2024 par rapport aux 20 dernières années (données Météo-France)

Carte 2 : Cumul de pluies enregistré entre le 1er octobre 2023 et le 10 janvier 2024 (données Météo-France)

Ces excès d’eau sont responsables de cultures à peine levées ou mal tallées dans les départements ayant subis le plus les excès d’eau tels que l’extrême Nord, la Bretagne, le Centre-Ouest et le Centre-Est. Ils sont aussi responsables de retards de semis dans plusieurs régions. Une forte hétérogénéité des cultures est à prévoir en sortie hiver. D’un côté, de bons états de croissance devraient être observés dans les parcelles saines et semées tôt. D’un autre, un faible peuplement et un enracinement limité des céréales pénalisés par les conditions d’anoxie. 

Le rendement des céréales à paille semées cet automne dépendra surtout des conditions hygrométriques de fin janvier et février. Un climat sec devrait limiter l’impact des excès d’eau. En revanche une pluviométrie encore abondante ou un déficit hydrique en montaison ou fin de cycle seront plus préjudiciables. Pour les semis réalisés à partir de janvier, le potentiel de rendement sera réduit de 15 à 20 % étant donné la phase de croissance écourtée et le décalage vers des périodes propices aux stress hydriques ou autres anomalies thermiques.

Dans les parcelles de céréales touchées par les excès d’eau, il sera nécessaire d'adapter la fertilisation azotée au même titre que le reste de l'itinéraire technique. Il est notamment recommandé :

  • de réévaluer la dose totale prévisionnelle en tenant compte d'un potentiel de rendement pouvant être largement affecté par les mauvaises conditions d'implantation et les retards de semis (minoré jusqu'à 10-20%) ;
  • de réaliser une mesure du reliquat de sortie d’hiver, car les fortes pluies ont favorisé la lixiviation de l’azote (ainsi que du soufre) disponible dans les premiers horizons du sol et la minéralisation de l'azote des matières organique sera retardée dans les sols gorgés d'eau ;
  • d'éviter les impasses en sortie d’hiver dans la mesure où le faible tallage et le faible enracinement ne permettra pas de valoriser l’azote des horizons profonds en début de cycle (à condition qu'il n'ait pas été lixivié comme les horizons superficiels) ;
  • de limiter l'apport en sortie hiver à 40-50 kg N/ha, puisque la reprise des cultures sera lente et les céréales ne seront pas capables de valoriser des quantités importantes d'azote ;
  • de fractionner les apports et de piloter les apports de fin de cycle avec la méthode N-Tester®BT par exemple afin de de pouvoir ajuster au mieux la fertilisation selon l’amélioration ou la dégradation de la situation de la culture.

Il faudra aussi prévoir un apport foliaire de phosphore pour encourager la croissance des racines dans des conditions de sol peu propices à l’assimilation du phosphore. Dans ce cadre, un apport de YaraVita™ MAGPHOS K™ est particulièrement approprié grâce à son apport de phosphore très concentré, associé à de la magnésie et  de la potasse pour relancer la croissance racinaire. Cet engrais foliaire favorise également un redémarrage rapide de la culture grâce à son action sur le dynamisme de la photosynthèse.