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09 octobre, 2017

Récolte 2017 - Écho d'un distributeur

Nous avons interviewé Vincent Bos, responsable des achats et des ventes de céréales au sein de la Coopérative Régionale du Lauragais. La CRL collecte 150 000 tonnes, dont la moitié est représentée par du blé dur ; un millier d’agriculteurs y adhère.


Champs de blé
Champs de blé

Pouvez-nous nous faire un bref état des lieux de la récolte et la collecte 2017 ?

« Concernant le blé dur, la récolte a été bonne en terme de rendement, et la qualité est au rendez-vous. Le rendement moyen est de 60 quintaux par hectare. Concernant la qualité, nous observons des disparités. En effet, 40% des blés collectés n’avaient pas reçu les pluies de fin juillet alors que 60% du volume a été impacté par ces pluies de fin de cycle. Globalement le PS (entre 78 et 80), n’a pas été touché, tout comme le taux de protéine qui est resté stable puisque le delta est de 0.3 point. Par contre, le taux de mitadinage a été fortement impacté ; ce qui est plus contraignant du point de vue des industriels. Par rapport aux autres années, la qualité et les rendements sont bons, cette année 2017 se situe dans les moyennes hautes». Selon Vincent Bos, le climat favorable est l’élément majeur, malgré un suivi culture de plus en plus pointu. Le mitadin est le principal critère qualitatif en blé dur, devant le taux de protéines.

Concernant le taux de protéines, quelle conséquence cela implique pour vous ?

La variabilité de cette année en teneur en protéines va de 12 à 17 points ; mais la grosse majorité se situe à 14. Le mitadin est un critère essentiel mais les industriels souhaitent avant tout des blés durs homogènes en protéines, autour de 13.5. Il est donc essentiel de faire des mélanges pour permettre la commercialisation de la collecte. La coopérative a finalement pu proposer aux marchés des blés durs à 14.5 de protéines en moyenne.

Malheureusement, sur le marché, une teneur en protéine au-delà du seuil de 13.5 ne sert à rien...

En effet, ne pas atteindre le niveau minimum requis par l’industrie engendre des réfactions, mais le dépassement de ce seuil n’est pas valorisé. Il y a un système de malus mais il faut regretter l’absence d’un système de bonus. « De fait, nous ne pouvons pas répercuter une valorisation éventuelle à nos agriculteurs. C’est aujourd’hui l’un nos principaux challenges ; comment valoriser les taux de protéines supérieurs au seuil défini par les industriels ? Selon cet objectif il faudrait travailler pour 13.5 de protéines ; en tenant compte des aléas climatiques et d’y associer un itinéraire cultural adapté – c’est aujourd’hui impossible à mettre en place ».

La satisfaction des industriels est donc au cœur de votre stratégie commerciale ?

« Les marchés sont aujourd’hui ceux qui donne la tendance à suivre en terme de qualité. D’autant plus que sur le blé dur, la filière est étroite puisque je travaille avec un petite dizaine d’acteurs, qui ne me laisse pas le choix de passer par où ils souhaitent me faire passer ». Il n’y a de bonifications nulle part mais des réfactions partout, y compris sur des critères que l’agriculteur ne peut maitriser, comme le temps de chute par exemple. Malgré un bon suivi culture, des aléas climatiques peuvent perturber la qualité du blé dur ; les agriculteurs peuvent être donc sanctionnés sur des critères qu’ils ne maitrisent pas.

Les itinéraires techniques se réfléchissent en amont et sont de plus en plus précis. Toutefois, les réflexions sur la fertilisation sont trop souvent négligées, comment cela se traduit-il chez les adhérents de la Coopérative Régionale du Lauragais ?

« On est arrivé à des niveaux de prix où les agriculteurs vont chercher à diminuer les charges. C’est principalement sur les intrants que ces économies vont se réaliser, en premier lieu sur les semences – il y a un développement de l’utilisation de semences de ferme – puis sur la fertilisation ». La situation est compliquée depuis les 4 dernières campagnes et les agriculteurs adoptent plutôt des stratégies à minima pour ne pas pénaliser leurs revenus. Le blé dur représente 16% du prix dans les produits finis, les industriels ont les cartes en main dans les années où les cours sont défavorables aux agriculteurs.

Merci Vincent. 

 


Baptiste, chef marché Grandes Cultures chez Yara nous parle de la fertilisation du blé dur : « il ne faut pas négliger la fertilisation sur le blé dur. La rapport entre le taux de protéine et la fertilisation azotée est important mais l’est encore plus entre le taux de mitadinage et la nutrition azotée. Il faut être en particulier attentif à la forme d’azote. De nombreux travaux, conduits par Yara et des instituts publics, démontrent que l’ammonitrate demeure la forme la plus efficace pour la nutrition azotée des blés durs. Il faut noter également que le blé dur consomme 20% de plus d’azote que le blé tendre ! Par ailleurs, il faut savoir ne pas minimiser la fourniture d’éléments nutritifs tels que le P ou le K, que l’on retrouve dans nos NPK soufrés YaraMila® ; mais aussi en oligo-éléments, essentiels au bon développement des cultures. Une stratégie de fertilisation avec les bons produits, sous la bonnes formes et pilotés pour être apportés au bon moment permet d’équilibrer les objectifs de rendement et de qualité avec le coût de la fertilisation ».