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16 mars, 2023

Quels granulés pour une qualité d’épandage optimale ?

Un épandage est considéré de qualité s’il ne se traduit : ni par une erreur de dosage : aucun surplus ou manque ne doit se manifester dans la trémie avant ou à la fin du chantier d’application d’engrais ; ni par une mauvaise répartition de l’azote : le recoupement des nappes d’épandage ne doit pas créer des zones sous ou sur-fertilisées ; ni par la présence de granulés hors-parcelles. Pour réussir son épandage d’engrais azotés solides et s’assurer de bonnes performances techniques, économiques et environnementales, un matériel entretenu et bien réglé est un allié précieux. Mais saviez-vous que la qualité du granulé compte tout autant ? Si les caractéristiques physiques d’un engrais ne sont pas à la hauteur de l’épandeur, la qualité de l’épandage ne peut être au rendez-vous. Et ce n’est pas la précision du matériel (coupures de tronçon par exemple) ou les outils d’agriculture de précision (modulation par exemple) qui permettent de remédier au problème. Les conséquences d’une mauvaise qualité d’épandage sont implacables : pertes de rendement qui, combinées à un gaspillage d’unités d’azote, conduisent à une baisse de marge.


engrais granulés dans épandeur
engrais granulés dans épandeur

Quels granulés azotés pour un épandage optimal ?

D’un point de vue agronomique, toutes les formes d’azote ne sont pas équivalentes. Il en va de même pour la qualité d’épandage : tous les granulés ne se valent pas. Pour bien choisir son engrais, deux critères essentiels pour la régularité de l’épandage sont à considérer : la résistance et l’écoulement (dans la trémie). La facilité de réglage de l’épandeur a également son importance. Sans les caractéristiques physiques qui confèrent au produit ces qualités, difficile de compter sur une bonne épandabilité, gage de succès agronomique, économique et environnemental.

Une résistance aux conditions extrêmes

Les granulés d’engrais, sous l’effet de la force centrifuge, sont propulsés en moins d’un dixième de seconde à près de 175 km/h. Pour supporter ces conditions extrêmes, ils doivent présenter une dureté qui leur permet de ne pas se désagréger sous l’effet de l’impact des pâles de l’épandeur. Des granulés endommagés modifieraient la largeur de la nappe d’épandage et ne permettraient pas un bon recoupement entre nappes. La dureté conditionne aussi la résistance des granulés à l’abrasion, résultant des phénomènes de friction ou d’écrasement et des chocs subis lors de la manutention, du transport et du stockage de l’engrais.

Un bon écoulement dans la trémie

Taille et forme du granulé ont une incidence directe sur l’écoulement de l’engrais. Ce dernier peut également être impacté par le taux de poussière et la tendance au mottage, dont les effets se font davantage sentir si le stockage du produit ne se fait pas dans de bonnes conditions.

Un réglage de l’épandeur facilité

Connaitre la densité (non tassée) et l’étalement granulométrique de son engrais facilite le réglage de son épandeur. La densité influe sur la portée, la largeur et donc le profil général de la nappe d’épandage. Plus la densité sera élevée, plus la largeur de travail pourra être importante tout en maintenant un bon coefficient de variation. Un bon étalement granulométrique, sans une plage de dispersion trop importante, assurera une répartition optimale au sol, les granulés de grande taille allant plus loin que ceux de petite taille.

Le choix de l’ammonitrate est-il une clef du succès ?

Les caractéristiques physiques de l’engrais (densité, étalement granulométrique, dureté, absence de poussière) ont donc un lien évident avec la qualité de l’épandage. Reste à explorer les qualités propres à chaque engrais azoté simple solide.

L’ammonitrate affiche clairement des avantages comparé à l’urée. Ses caractéristiques physiques, notamment sa densité élevée proche de 1, sont la garantie d’un épandage régulier même en très grande largeur, en conditions réelles. L’urée et l’urée inhibée, qui présentent les mêmes inconvénients lorsqu’il s’agit d’épandabilité (densité inférieure de l’ordre de 0,7, sensibilité au vent et à la reprise d’humidité, moindre portée), dépassent rarement 36 m.

Le coefficient de variation d’une nappe d’épandage est en effet d’autant plus élevé que la densité du granulé d’engrais est faible. La conséquence sur le rendement, parfois aggravée par les risques localisés de verse, a été évaluée pour le blé à - 1,7 à - 3,8 q/ha, pour un coefficient de variation à l’épandage de 20 à 30 %.

L’effet d’une densité plus faible se fait davantage sentir les jours de vent,  même faible. Sur une largeur d’épandage de seulement 21 mètres, une légère brise (4 m/s) entraine un coefficient de variation de 26 % avec l’urée s’accompagnant généralement d’une perte de rendement de 2 % en blé tendre. La densité supérieure de l’ammonitrate permet d’abaisser à 6 % le coefficient de variation dans les mêmes conditions.

Il existe un lien fort entre les caractéristiques physiques d’un engrais et la répartition des granulés au sol. En complément des caractéristiques agronomiques qui influencent l’efficacité de la fertilisation, une attention particulière doit donc y être portée lors du choix de son engrais pour assurer un épandage optimal, gage de réussite aussi de sa culture.