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30 avril, 2020

Valorisation de l’azote avec les dernières pluies

Blé stade gonflement
Blé stade gonflement

Bien surveiller les stades des céréales

Cette dernière semaine (27 avril - 3 mai) les pluies ont été de retour en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine, dans l’arc méditerranéen et dans le Sud-Ouest. Cependant, la sécheresse persiste dans le Grand Est, dans le nord de la région Centre-Val de Loire, en Bourgogne Franche-Comté et autour de la vallée du Rhône. Dans les Hauts-de-France, certains secteurs ont reçu des orages importants (Plateau picard, secteur d’Arras). À l’inverse les secteurs du sud de l’Oise ont reçu peu de millimètres.

En Normandie également les secteurs sont très hétérogènes, avec notamment des pluies plus présentes dans le Calvados, comme dans les départements aux frontières entre l’Auvergne et la Bourgogne (Allier, Saône-et-Loire, Loire). Pour les 15 prochains jours, les pluies sont attendues sur l’ensemble du territoire national, y compris dans le Nord, le Centre, l’Est et Sud-Est et dès ce weekend.

Les carences azotées et le stress hydrique peuvent accroître les régressions de tiges dans la montée à épi. Cependant les stades avancent du fait des températures douces et de l’ensoleillement. L’avancement des stades est très hétérogène au niveau national, du fait des semis étalés, mais aussi au sein d’une même parcelle. Pour le blé tendre, la majorité des parcelles dans la moitié nord de la France, en région Centre-Val de Loire et dans le Grand-Est sont au stade dernière feuille pointante, alors qu’à partir de la région Bourgogne les stades avancent vers la dernière feuille étalée, pour aller jusqu’au gonflement (Pays-de-Loire) ou floraison (Poitou-Charentes).

Si un manque de valorisation de l’azote a été observé depuis début mars, avec le retour des pluies de cette semaine l’azote sera absorbé par la plante. En effet, l’azote apporté jusqu’à début épiaison est valorisé en quintaux et en protéines. De plus, les bénéfices d’un apport courant montaison est en moyenne de +2 à 3 q/ha et de +0,2 à 0,3% de protéines. Jusqu’à début épiaison donc, le gain des apports d’azote se traduit en rendement et en protéine. Après épiaison, en conditions favorables, la plante continue d’absorber l’azote. Entre épiaison et floraison, un apport d’engrais se traduit principalement par une augmentation de la teneur en protéines des grains.

Par ailleurs, il faut tenir compte de la diminution d’efficacité de l’azote en cas d’années sèches. On passe en effet d’une efficience de 80-90% en année normale, à 65-70% en année sèche. En plus de la sécheresse, les autres facteurs de diminution de l’efficience des engrais sont la chaleur et le vent, qui augmentent la volatilisation de l’azote ammoniacal. La majorité des pertes par volatilisation intervient 2 à 7 jours suivant un apport d’engrais minéraux. Dans les conditions de cette année, un recours à l’irrigation est tout à fait justifiable dans les parcelles équipées. Autrement, l’application d’une fraction restreinte de la dose prévue si les prévisions météorologiques annoncent de faibles cumuls de pluie.

Actuellement la fin de la période sèche approche pour la totalité des départements. Il sera alors important d’évaluer correctement la part des apports effectivement valorisés par la culture, en vue de piloter le dernier apport. Dans les contextes où les dernières pluies ont dépassé le 15 mm, une complète valorisation des derniers apports d’azote sera effective après une dizaine de jours. Si l’avancement dans les stades le permet, il est donc préférable d’attendre avant de réaliser un diagnostic de la culture avec un outil de pilotage.

Cependant, pour des situations qui n’ont pas reçu suffisamment de pluie, l’azote n’est pas encore valorisé. Ainsi, il est conseillé soit d’attendre lorsque les conditions sont à nouveau favorables pour effectuer le diagnostic, soit d’ajuster la dose préconisée. Cependant certains facteurs peuvent influencer le diagnostic de nutrition azoté, comme notamment les viroses, la phytotoxicité ou des problèmes de développement lié aux problèmes de structure. Ces facteurs peuvent induire des jaunissements et donc des surévaluations des besoins en azote.