Fonctionnalités
08 septembre, 2020

On a tout à gagner à « starteriser » son colza

Aujourd’hui, 5 % de la sole de colza reçoit une fertilisation minérale au semis, essentiellement NP. Pourtant, cette fertilisation « starter » joue un rôle important face aux conséquences de la limitation de l’utilisation des insecticides. La bonne nouvelle, c’est que ni l’équipement ni la réglementation ne sont un frein à cette pratique.


conseils agriculteur fertilisation colza yara france
conseils agriculteur fertilisation colza yara france

Yara® a conduit en 2019-2020 deux essais pour valider l’intérêt de l’apport d’un engrais NP au semis, à Brux (86) et à Bouges-le-Château (36).

Dans ces essais, Yara® a comparé 4 modalités :
• sans apport d’engrais minéral,
• une fertilisation « classique » en sortie d’hiver après calcul du bilan azoté avec deux apports d’ammonitrate soufré YaraBela SULFAN 24 + 18.
• un apport en plein au semis de 30 kg N/ha sous forme d’engrais composé NP YaraMila NP Loc 20.25 + 7 SO3 puis une fertilisation de printemps en sortie d’hiver après calcul du bilan azoté avec deux apports d’ammonitrate soufré YaraBela SULFAN.
• un apport en localisation au semis de 30 kg N/ha sous forme d’engrais composé NP YaraMila NP Loc 20.25 + 7 SO3 puis une fertilisation de printemps après calcul du bilan azoté, avec deux apports d’ammonitrate soufré YaraBela SULFAN.

Ces apports sur des semis relativement précoces précèdent les périodes d’interdiction figurant dans les Arrêtés Référentiels Régionaux (ARR) sont conformes au cadre réglementaire. L’objectif principal poursuivi est de maintenir une végétation en croissance active pour compenser les dégâts des insectes et des larves.

Le graphique ci-dessous qui présente la moyenne des résultats des quatre modalités de ces deux essais révèle des gains de rendement importants en faveur des applications d’engrais NP au semis, en plein comme en localisé. En effet, elles font gagner près de 7 q/ha par rapport à une fertilisation de printemps seule, dans le cas de la localisation et même plus de 9 q/ha pour les apports en plein. Au passage, on remarquera que la fertilisation azotée minérale du colza permet de doubler le rendement.


Ces résultats peuvent s’expliquer par une vigueur supérieure et une meilleure homogénéité dans la parcelle. Le suivi et les notations réalisées sur la végétation à l’automne ont mis en évidence une densité de pieds en entrée hiver proche de la densité de semis et des plantes plus développées. Les notes de vigueur en végétation du colza, échelonnées de 1 à 9 ont été évaluées à 1 mois, 2 mois et 3 mois après semis. Elles sont largement supérieures à celles des parcelles sans apport de NP au semis et cet écart se maintient dans le temps.

Cette vigueur végétative a conduit assez logiquement à la production d’une biomasse plus abondante aussi bien à l’entrée qu’en sortie hiver. Le schéma ci-dessous montre que la modalité NP au semis a entrainé une production de biomasse fraiche de 25 à 35 % supérieure à celle du « tout au printemps » en entrée hiver et de 30 à 75 % en sortie . Par ailleurs, on observe un avantage du NP localisé en entrée hiver mais une prédominance du NP en plein, en sortie hiver.


La photo ci-dessous, prise le 17 octobre 2019, provient d’un essai mené cette année par Dekalb en partenariat avec Yara® à Marigny (79) dans une approche similaire aux essais Yara®. Elle illustre parfaitement les observations et mesures mentionnées plus haut. En haut, des plants sans apport de NP au semis, en bas des plants ayant reçu azote et phosphore en plein lors du semis le 21 août 2019, à la dose de 30 unités d’azote (166 kg/ha YaraMila NP Loc 18.28 + 10 SO3).

 

Limiter l’impact des attaques de ravageurs

Le développement forcé des colzas ayant profité d’apport d’un engrais starter NP au semis permet de limiter l’impact des attaques de ravageurs quand elles se produisent avant l’hiver, en diluant les dégâts causés dans une végétation plus abondante et en les surmontant grâce à une croissance active. Au final, il subsiste un nombre de plants viables après les attaques, très proche du nombre de pieds levés. Grâce à cette fertilisation starter, il y a plus de plantes développant leur potentiel jusqu’à la récolte sans user des capacités de compensation du colza ce qui entraine une amélioration sensible du rendement.

L’équipement et la réglementation ne sont pas un frein

Comme on l’a vu, les apports en plein comme en localisé de NP au semis donnent des résultats très positifs, avec même un avantage pour l’apport en plein. Dès lors, plus besoin d’être équipé d’un semoir à double trémie en ligne pour améliorer significativement son rendement de colza, un épandeur centrifuge suffit.

Concernant la réglementation, les Arrêtés Référentiels Régionaux (ARR) ne mentionnent pas de plafond d‘apport d’azote avant le 1er septembre (sauf pour les régions Centre et lle-de-France qui sont soumises à certaines conditions). Après le 1er septembre, il est toujours possible d’apporter de l’azote, mais dans la limite de 10 unités et uniquement en localisation.