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04 juin, 2019

Portrait d'agriculteur n°6 : Olivier M.

Pour ce portrait n°6, nous avons interviewé Olivier M., producteur de noix dans le Périgord. Voici son histoire...


Noyeraie
Noyeraie

Pouvez-vous nous parler de votre exploitation ? 

Olivier Marty : C’est une exploitation familiale que j’ai reprise en 1990. A l ’époque, les noix avaient peu de place sur l’exploitation, nous faisions des endives hors sol, des prunes de table et de l’élevage bovins. Les noyers ont pris, peu à peu, le dessus car c’est une culture qui nous plaisait et que nous maitrisions. Le but était de se concentrer sur une seule et unique production afin d’éviter de s’éparpiller sur plusieurs.  L’exploitation compte aujourd’hui 42 ha de noyers en SAU, seulement 8 ha irrigués. Les noix sont des cultures qui demandent beaucoup d’eau mais je n’ai malheureusement pas la possibilité d’alimenter tout le domaine. Les contraintes ne sont pas financières mais de terrain, les points d’eau à proximité sont rares. L’irrigation est un de mes grands projets pour les années à venir.

Pourquoi avoir choisi la culture de la noix en particulier ?

OM : C’est une région qui fait majoritairement de la polyculture-élevage et où il y a très peu d’exploitations dites « spécialisées ». C’est donc une force pour les nuciculteurs car ils ne sont pas dispersés et se concentrent exclusivement sur leur production. Par exemple, à la coopérative nous sommes 800 au total, seulement 10 d’entre nous sont spécialistes de la noix. La noix dans la région, c’est la cerise sur le gâteau car avec peu d’effort elle peut apporter un véritable plus. 5 ans en arrière, le marché de la noix était en hausse et beaucoup de paysans s’y sont intéressés.  Aujourd’hui, la tendance est à la baisse mais l’intérêt est encore là. Le marché est capricieux mais pour n’importe qu’elle culture !

Etes- vous adhérent d'une coopérative ?

OM : Oui, je fais partie de la coopérative LIPEQU qui est spécialisée en noix. C’est un choix et un engagement de ma part et cela me permet de sécuriser 100% de ma livraison de produits.  Je fais partie du bureau car j’en suis le vice-président. J’ai toujours été coopérateur car je ne prétends pas avoir la fibre commerciale, je préfère laisser cela aux autres. Je pense qu’il vaut mieux passer son temps à produire plutôt qu’à faire du commerce. Je comprends que l’on puisse aimer faire les deux mais ce n’est pas mon cas.

Vous avez mis en place un programme de nutrition des cultures avec Yara, pourquoi avez-vous choisi nos engrais ?

OM : C’est avec Thierry (ndlr : chargé de marketing opérationnel Yara France) mais également le négoce Jaladi que j’ai découvert ces programmes de fertilisation. Ce programme, sur mesure grâce aux analyses foliaires, m’a semblé correct, j’ai donc essayé l’année dernière sur la totalité de mes surfaces et je recommence cette année. J’ai trouvé les engrais très disponibles, assimilables et faciles à utiliser. Visuellement, le résultat est là !

Au départ, notre problème venait d’un apport d’azote trop élevé et un sous-fractionnement : nous avons augmenté ce fractionnement ce qui nous a permis d’être plus juste dans notre plan de fumure. Nous faisons également des apports foliaires si nécessaire. Le fait d’utiliser différents types d’engrais, nous a permis d’apporter moins d’azote et d’éviter certains problèmes sanitaires qu’on avait du mal à maîtriser jusqu’à présent. Bref, un bon fractionnement et un apport plus ciblé à des périodes différentes nous ont aidé à obtenir de meilleurs résultats.

Afin d’adapter au mieux notre fertilisation et de réagir au plus vite aux besoins de la culture, nous faisons en collaboration avec Auréa des analyses de rameaux.  

Quels engrais utilisez-vous ?

OM : J’utilise le YaraLiva™ Tropicote™ qui est un engrais à base de nitrate de calcium très nutritionnel. C’est en participant à des conférences en tout genre que je me renseigne sur ce qui se fait de nouveau en terme d’engrais : j’essaye d’en suivre le plus possible. On est jamais sûr de ce que l’on sait. C’est donc important d’échanger avec les autres agriculteurs : parfois ce qui marche chez l’un peut marcher chez les autres et vice versa. En revanche,  je ne vais pas attendre que les autres fassent pour essayer des nouvelles approches : par exemple, nous sommes limités par l’utilisation de produits phytosanitaires du coup on essaye de trouver des alternatives. Ces contraintes doivent être comblées tout en respectant un certain équilibre qu’il soit financier et environnemental mais surtout il faut bien respecter l’équilibre de la plante. 

 

Est-ce que cela vous demande une charge de travaille supplémentaire ? Notamment avec la hausse du fractionnement

OM: C’est la gestion du temps qui est différente. Mais en général, c’est assez facile pour moi car je suis déjà bien équipé. Mon épandeur est déjà programmé (quantité, distance, densité), tout est enregistré au préalable ce qui me permet de poser l’engrais sur la totalité de mes parcelles en 8heures. Si on doit repasser car la culture en a besoin, on le fait !  à la fin c’est seulement le résultat qui compte. J’utilise également Check It pour vérifier les carences sur mes cultures. Toutes ces aides externes me permettent d’optimiser mon temps et donc mon argent.

Avez-vous des activités annexes ?  

OM : Oui , je fais un petit peu d’énoisage pour la  vente de cerneaux à la coopérative et je fais aussi de l’huile de noix en prestation. Mon but est de développer surtout la vente de cerneaux car il y a des possibilités de marchés ouverts sur des gros volumes et c’est cela qui m’intéresse. Je ne fais pas de vente directe car comme je vous l’ai dit avant, le commerce ce n’est pas mon truc ! Je fais également de la prestation de service : lavage, séchage, cassage de noix, fabrication d’huile. J’ai créé ma propre société «  Les vergers d’Olivier »  notamment pour faire baisser les cotisations MSA mais également pour avoir cette facette « activité commerciale de prestation  » qui me manquait.

Que conseillerez-vous aux jeunes qui veulent se lancer dans l'agriculture ? 

OM : De surtout faire ce qui leur plaît. S’ils sont passionnés, ils ont tout gagné. Quand je me suis installé, l’élevage, les endives ça ne me plaisait moyennement. Mon père avait un regard nouveau et une envie de changement. A 80 ans il l’a encore, il participe encore à des conférences et voit toujours plus loin que le bout de son chapeau. Les jeunes , ils doivent s’entourer des bonnes personnes afin d’avoir les meilleurs conseils. Certaines fermes dans le coin grossissent d’années en années mais elles vont arriver à saturation. Je pense qu’il vaut mieux être très bon sur une petite surface que mauvais sur une grande. On est tous à la recherche du meilleur revenu mais à quel prix ?

L'agriculteur Oliver M. devant un noyer

Merci à Thierry Poirier, chargé marketing opérationnel chez Yara France, d'avoir rendu cette interview possible.