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20 mars, 2021

Ammonitrate sur maïs : Y a-t-il encore débat ?

46 % des produits azotés utilisés en Europe sont des ammonitrates d'après des données de 2017/2018 provenant de Fertilizer Europe. Cette proportion révèle les avantages d'utilisation de la forme ammonitrate sur les cultures, en particulier sur le maïs comme ont pu montré les essais Yara. 


ammonitrate sur maïs
ammonitrate sur maïs

Voici la synthèse de 6 essais lancés à partir de 1991 par Yara, sous son ancien nom d’Hydro Agri France en collaboration avec AGPM technique1 qui n’avait pas encore rejoint Arvalis (Figure 1). Déjà, on comparait l’efficacité de l’ammonitrate sur maïs par rapport à l’urée et déjà, l’ammonitrate montrait sa supériorité avec des rendements supérieurs.

Figure 1 : Courbe de réponse à l’azote pour 6 essais menés entre 1991 et 1995 par Hydro Agri France et AGPM technique pour comparer l’utilisation d’ammonitrate et d’urée sur maïs.

Depuis cette époque, des essais comparatifs entre ces deux formes d’azote ont été conduits régulièrement avec des modalités différentes pour établir les meilleures recommandations possibles : doses, stade d’apport, technique d’apport (en plein ou enfoui), conditions pédoclimatiques...Et depuis 30 ans, la conclusion reste la même : on obtient de meilleurs rendements en maïs avec l’ammonitrate qu’avec l’urée (Figure 2).

Figure 2 : Courbes de réponse à l’azote pour 3 des 47 essais comparant l’utilisation d’ammonitrate et d’urée sur maïs. Ces résultats illustrent pour chaque décennie la meilleure performance agronomique de l’ammonitrate par rapport à l’urée quelle que soit la dose N apportée.

Dans plus de 70% des situations, l’utilisation d’ammonitrate sur maïs a engendré un rendement significativement supérieur à celui de l’urée entrainant une meilleure rentabilité (Figure 3).

Figure 3 : Synthèse des résultats obtenus dans les 47 essais conduits entre 1991 et 2013 : tous les écarts observés entre ammonitrate et urée (+7,1 q/ha de rendement en moyenne par exemple) sont significatifs.

Les essais ont également démontré :

  • qu’il faut enfouir l’urée et en majorer la dose de +15 % pour égaler le rendement obtenu avec l’ammonitrate;
  • que l’apport d’ammonitrate est plus efficace en plein au stade 4 feuilles qu’au stade 6-8 feuilles ;
  • que l’urée enfouie donne de meilleurs résultats que l’urée en plein (un simple binage n’étant pas suffisant pour réduire la volatilisation), sous certaines conditions climatiques, sans pour autant égaler les performances de l’ammonitrate (Figure 4) ;
  • qu’enfouir l’ammonitrate ne présente pas d’intérêt supplémentaire par rapport à l’ammonitrate en plein ;
  • qu’il est possible d’apporter l’ammonitrate en surface au cours d’un désherbinage avec le matériel adapté alors que l’urée devra dans tous les cas être enfoui profondément.

 

Figure 4 : Courbe de réponse à l’azote pour une moyenne de 5 essais menés entre 2010 et 2016 pour  comparer l’utilisation d’ammonitrate, d’urée en plein et d’urée enfouie sur maïs.

Par ailleurs, il n’y a pas d’indication qui laisse penser qu’au cours de ces 30 années d’expérimentation, les résultats soient liés à des facteurs externes, comme l’évolution variétale ou le réchauffement climatique. Par conséquent, les essais datant des années 90 (Figure 1) reflètent tout autant la réalité actuelle que les essais plus récents (Figure 2) : l’ammonitrate donne de meilleurs rendements. Mais pas que !

Une récente étude CITEPA2 - UNIFA3 (2018) a mis en évidence que, même en retenant l’hypothèse d’un enfouissement systématique de l’urée ou l’addition d’un inhibiteur d’uréase au niveau national, seule l’utilisation d’ammonitrate dans des proportions comparables à celles des années 2000 permettrait de réduire suffisamment la volatilisation ammoniacale et à la France d’atteindre ses objectifs dans le cadre du plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA).

N’oublions pas non plus la nouvelle stratégie européenne « Farm to Fork » qui ambitionne de réduire de 50 % les pertes de nutriments sans détériorer la fertilité des sols et pourrait entraîner une baisse de 20 % de l’utilisation des engrais minéraux en 2030 par rapport à 2014. Dans un tel contexte, l’ammonitrate, engrais azoté le plus efficace grâce à un CAU (Coefficient Apparent d’Utilisation de l’azote – voir tableau ci-dessus) bien supérieur aux autres engrais, apparait comme la solution pour préserver rendement et rentabilité de l’exploitation.

Figure 5 : Influence du type d’engrais sur la quatité d’azote minéral après récolte du maïs (LA côte Saint André – 38, 1997). : avec un CAU de l’azote plus élevé que l’urée, l’ammonitrate entraîne un reliquat d’azote minéral dans le sol moins important après récolte du maïs.

A tous les niveaux, et cela se vérifie depuis 30 ans, l’ammonitrate demeure la forme d’engrais azoté minéral la plus performante, aussi bien du point de vue agronomique, économique qu’environnemental. A vous de voir, si vraiment il y a débat !

1 : Filiale technique compétente en matière de recherche et expérimentation de l'Association générale des producteurs de maïs. La fusion de l'AGPM-Technique avec l'Institut technique des céréales et des fourrages aboutit à la création en 2002 d'Arvalis-Institut du végétal.

2 : Centre technique de référence en matière de pollution atmosphérique et de changement climatique, créé en 1961.

3 : Union des Industries de la Fertilisation