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Après une campagne agricole calamiteuse dans la plupart des grandes régions de production céréalière, il convient de préparer l’avenir et de se projeter dans la nouvelle saison culturale. Mauvaises récoltes et difficultés économiques conjoncturelles tendent souvent à faire oublier les fondements du raisonnement de la fertilisation phospho-potassique.
Les apports de phosphore et potassium par les engrais minéraux ont été divisés par 4 en 40 ans. Les doses apportées sont aujourd’hui retombées à leur niveau des années 1950 avec respectivement 16 et 17 kg de P2O5 et de K2O par hectare de surface fertilisable.
Dans le même temps, les apports de phosphore et de potassium provenant des effluents d’élevage se sont également réduits avec la diminution des cheptels, tout en se concentrant dans les grandes zones d’élevage, ce qui génère des déséquilibres régionaux.
Les produits organiques de substitution comme les fientes, fumiers et composts importés de pays du nord, les boues et composts de boues provenant des stations d’épuration, les composts de déchets verts, les coproduits issus des abattoirs, les effluents agro-industriels (vinasses de sucrerie etc. …) contribuent à un meilleur recyclage des nutriments mais ne permettent pas de compenser les quantités exportées chaque année par les cultures. Pour la ferme France, en 2013, le phosphore apporté au sol provenait à 53% de déjections animales, à 38% d’engrais minéraux et à 9% d’autres sources organiques (recyclage) tandis que pour la potasse, 72% des apports étaient d’origine animale, 22% d’origine minérale et 3% provenaient d’autres formes organiques.
Livraison en kt d'éléments nutritifs par surface fertilisable (Source : Agreste)
N’évoluant qu’en fonction des surfaces emblavées en céréales et oléagineux, la consommation d’azote minéral reste relativement stable alors que la baisse de consommation d’engrais minéraux a été de 66% pour le phosphore et de 74% pour la potasse.
Des études réalisées régulièrement par l’UNIFA comparent l’évolution des soldes de fertilisation en P et en K. Le solde de fertilisation mesure la différence entre les apports (minéral + organique) diminué des exportations par les cultures en fonction du rendement (statistique agricole SSP - Agreste) et les besoins par culture en phosphore et potassium établis à partir des tables de référence du Comifer.
Solde en phosphore par région en Kg/ha fertilisable (Source : Agreste)
Depuis plusieurs années, les soldes de fertilisation du phosphore sont déficitaires ou nuls dans les régions Picardie, Ile de France, Centre, Haute-Normandie tandis qu’ils sont excédentaires dans les régions Bretagne et Aquitaine. Au niveau national, le solde P2O5 ne s’établit qu’à 8-10 kg P2O5 /ha, ce qui est faible si l’on prend en compte les pertes annuelles par lixiviation, érosion et ruissellement ainsi que les effets liés au pouvoir fixateur des sols. En moyenne, ce solde a baissé de près de 80% entre 1989 et 2013.
Solde en potassium par région en Kg/ha fertilisable (Source : Agreste)
La situation du potassium est encore plus dégradée avec un solde de fertilisation proche de 0 au niveau national (2.9 kg/ha entre 2011 et 2013). De nombreuses régions présentent un solde structurel négatif : Centre, Ile de France, Bourgogne, Picardie, Auvergne, Lorraine, Poitou Charentes. L’Ouest de la France (Bretagne, Pays de Loire, Basse-Normandie) ainsi que l’Aquitaine, le Nord-Pas de Calais et l’Alsace semblent échapper à ce phénomène. Notons par ailleurs que les pertes annuelles de potassium par lixiviation qui atteignent 2 à 12 kg/ha en sol argileux, 12 à 25 kg/ha en limons et 25 à 35 kg en sols sableux ne sont pas intégrées dans le calcul du solde de fertilisation.
Le solde du bilan est un indicateur de tendance et les moyennes dans ce domaine masquent des variations considérables selon les pratiques culturales et le niveau de fertilité des sols. C’est pour cette raison qu’il est indispensable de gérer la fertilisation à partir des résultats d’analyses de terre et des bilans calculés à l’échelle de la parcelle.
La campagne 2015-16 a été marquée par un nouveau déclin de la consommation en phosphore et potassium de 6% et 14%. Cette tendance s’accentue en 2016-2017 avec une baisse d’environ 30% de l’utilisation des engrais de fond.
En conclusion, l’observation de ces faits amène plusieurs questions fondamentales auxquelles il convient d’apporter des réponses à l’échelle de l’exploitation :
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