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08 février, 2021

Pour vos prairies, vous n’auriez pas oublié le soufre ?

La littérature est assez peu fournie quand il s’agit de fertilisation soufrée et de prairie. Cela peut donner l’impression que c’est un élément négligeable et que vous pouvez vous en passer. Il n’est en rien ! Voici pourquoi.


vaches dans prairie
vaches dans prairies

Pas de vie sans soufre

Le soufre est essentiel à la synthèse des protéines. C’est un constituant de plusieurs acides aminés, comme la méthionine. Le soufre est indispensable à la photosynthèse, car il est nécessaire à la formation des chloroplastes ; il intervient dans la synthèse d’acides gras, de plusieurs enzymes et de certaines vitamines.

L’apport de soufre, ça se voit

Souvent lié à l’azote dans les processus biologiques, le soufre forme un tandem indissociable avec l'azote qui contribue au rendement et à la qualité de vos prairies.

Le Teagasc* a démontré que le soufre permet de déplafonner le rendement d’une prairie. Dans l’essai ci-dessous, l’apport d’azote seul limite le rendement de la prairie à 60 % de son potentiel. L’apport de 5 à 6 kg de SO3 pour 10 kg d’azote épandu permet d’augmenter très significativement le rendement de la prairie. 

 

Source : Yara Hanninghof

L’institut technique irlandais a également mesuré des gains significatifs pouvant aller jusqu’à 2 t MS/ha lorsque du soufre est apporté sur des prairies intensives dont les sols sont carencés.

De son côté, Yara a mesuré l’effet de l'apport de soufre dans des exploitations laitière : il augmente la production laitière par hectare de prairie, ainsi que la rentabilité de l’atelier lait.

Hypothèses : rendement sans soufre = 9.5 t MS/ha, besoin en énergie : 0.44 UFL/l lait, prix du lait : 0.32 €/l. Source : Yara Hanninghof.

Chaque année, vos prairies exportent du soufre

Le COMIFER** établit des valeurs de besoins minéraux des cultures qui font référence en agriculture. Ses besoins sont toujours fonction des exportations de la culture l’année N-1. 

Selon les données du COMIFER, les prairies, quel que soit leur mode d’exploitation, sont largement exportatrices de soufre :

kg/t MS

SO3

Pâturage

10

Ensilage

10

Foin

8

Source : COMIFER

Pour une prairie de fauche intensive, les exportations (kg/ha) de soufre sont de :

 

SO3

2 coupes

37

3 coupes
(9 t MS/ha)

50

3 coupes
(10 t MS/ha)

65

4-5 coupes
(12 t MS/ha)

125

Source : COMIFER

Selon les situations, les besoins en soufre sont couverts pour moitié par la minéralisation du soufre du sol. Mais la plus grosse part de la fourniture précoce de soufre doit provenir des engrais minéraux. Car depuis les réglementations environnementales des années 90, les redépositions de soufre d’origine industrielle sur les sols agricoles ont considérablement diminué passant de plus de 60 kg de S03/ha au début des années 90 à moins de 10 kg aujourd’hui. Et si les carences en soufre étaient plutôt rares il y a 20-25 ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui (source : Eurostat).

Dans quelles situations une prairie peut-elle se retrouver carencée en soufre ?

Si vos prairies n’ont pas reçu de soufre organique ou minéral depuis une longue période, voici des facteurs qui augmentent le risque de carence ou sub-carence en soufre :

  • des sols légers et sableux avec peu de matière organique ont une faible teneur en sulfates, seule forme de soufre assimilable par les racines;
  • une forte pluviométrie hivernale lessive les sulfates;
  • une sécheresse printanière, à l’inverse, diminue la mobilité des sulfates;
  • des températures basses ralentissent la minéralisation du soufre organique en sulfates;
  • les retombées atmosphériques de soufre sont plus faibles sur les prairies éloignées des centres industriels.

Concrètement, que faire ?

D’après les connaissances actuelles, la stratégie la plus appropriée est de réaliser un apport de soufre à chaque application d’azote. Il est également recommandé de réaliser ces apports tôt en saison pour bien valoriser l’azote, notamment avec les graminées. Par ailleurs, pour une même quantité de soufre apportée, les rendements de la prairie sont meilleurs lorsque les apports de soufre sont fractionnés avec les apports d’azote plutôt qu’avec un apport unique (source : Yara Hanninghof).

 

Source : Yara Hanninghof

Comme le soufre fonctionne en synergie avec l’azote, pour valoriser le potentiel de vos prairies, nous recommandons de surveiller le rapport N:S plutôt que les concentrations d’azote ou de soufre dans vos sols. Par exemple, l’analyse de l’ensilage d’herbe de la saison dernière peut être un bon indicateur : au-dessus de 12:1, la parcelle est carencée en soufre.

Enfin, comme rappelé ci-dessus, les racines absorbent le soufre exclusivement sous forme d’ions sulfate. Le soufre dans le sol sous forme organique ou élémentaire doit se minéraliser en sulfates avant de pouvoir être absorbé par la plante. Si vous décidez donc de combiner vos apports de soufre avec vos apports d’azote, pour une efficacité maximale immédiate, alors autant apporter des engrais minéraux de type ammonitrate soufré qui contiennent du soufre sous forme de sulfates immédiatement disponibles et de l’azote nitrique, tout deux immédiatement disponibles et directement assimilables par les racines.

* : Teagasc est un établissement semi-étatique de la république d'Irlande chargé de recherche et développement et de services d'enseignement et de conseil dans les secteurs agricole et agroalimentaire

**: Le COMIFER est le Comité Français d'Etude et de Développement de la Fertilisation Raisonnée

Profitez de la synergie azote - soufre en apportant simultanément ces deux nutriments avec l'ammonitrate soufré YaraBela® SULFAN 31+ 5  et YaraBela® SULFAN 30+7. Ces deux minéraux ont des comportements semblables dans le sol (minéralisation, lessivage) et sont essentiels à la fabrication des protéines de la plante. Leur association dans chaque granulé garantit la qualité de répartition au sol lors de l’épandage et une dynamique d’absorption optimale.